This is a HTML version of the French summary of Boel Englund,  Skolans tal om litteratur. Om gymnasieskolans litteraturstudium och dess plats i ett kulturellt �ter-skapande. Studies in Educational Sciences 10. Stockholm HLS F�rlag, 1997


Sommaire

Le but que s'est propos� ce travail de th�se est le suivant: contribuer � une meilleure compr�hension du discours de l'�cole sur la litt�rature; de la place que tient ce discours dans un processus de transmission d'une exp�rience humaine au sens large du terme d'une g�n�ration � l'autre. Il se sert � cette fin, dans l'�tude principale, de l'analyse compar�e de textes destin�s � l'enseignement litt�raire dans le cadre de l'enseignement de la langue maternelle dans deux pays, et � deux �poques diff�rentes. Le niveau scolaire est celui du lyc�e, les deux pays concern�s la Su�de et la France, les p�riodes de 1920 et 1980. Dans l'analyse, les centres d'int�r�t sont la conception de la litt�rature et la fonction potentielle des �tudes litt�raires. Un des instruments d'analyse est la distinction faite entre textes primaires, litt�raires, et textes secondaires. Dans une seconde partie de la th�se, les r�sultats de l'�tude principale sont le point de d�part d'un deuxi�me temps de l'analyse. L�, une relation de ce discours � l'�cole et � la soci�t� est trac�e. Dans cette seconde partie l'analyse est guid�e par des notions provenant des th�ories de reproduction culturelle.

Le point de d�part du travail est l'hypoth�se que la pr�sence d'un discours sur les textes litt�raires � l'int�rieur de l'institution �ducative contribue � la reproduction des th�ories et perceptions sociales concernant la litt�rature – c'est-�-dire ce qui est consid�r� comme de la litt�rature et les raisons de ces choix – mais aussi plus g�n�ralement � la reproduction des repr�sentations et des valeurs d'une soci�t�. Ce dernier point appuie l'hypoth�se selon laquelle une conception de la litt�rature discernable � travers le discours de l'�cole dit aussi quelque chose d'une conception de la litt�rature plus g�n�ralement valable, et socialement dominante.

L'analyse d'une notion de la litt�rature moderne est esquiss�e qui voit son organisation interne comme un champ travers� par deux axes ou dimensions, servant � distinguer � l'int�rieur du champ des produits symboliques d�sign� par le terme litt�rature quatre sous-champs de caract�re diff�rent. L'un de ces axes est celui repr�sent� par la distinction fait/fiction, l'autre celui repr�sent� par la distinction art/non-art. L'analyse est suivie par un compte rendu des r�sultats d'une �tude des transformations socio-historiques subies par la notion de litt�rature en Occident, fond�e surtout sur des sources secondaires. Ensuite, la notion de reproduction culturelle est discut�e; l'�tude de l'histoire de la notion de litt�rature ayant montr� � la fois d'importantes transformations et la persistance d'un noyau de sens. Les th�ories dites de reproduction culturelle de Basil Bernstein, Pierre Bourdieu et Ulf P. Lundgren sont discut�es de deux points de vue: dans quelle mesure font-elles une distinction entre une reproduction sociale et une reproduction culturelle? dans quelle mesure permettent-elles de rendre compte non seulement d'une reproduction, mais aussi des transformations?

Dans l'�tude principale, les textes figurant dans les anthologies scolaires les plus r�pandues au lyc�e � l'�poque sont d'abord analys�s au regard de la notion de litt�rature qu'ils repr�sentent. Pour la France, ce sont les Morceaux choisis des auteurs fran�ais du moyen �ge � nos jours de Charles-Marc Des Granges et Les grands auteurs fran�ais du programme de Lagarde et Michard. Les instruments d'analyse sont pris dans l'analyse de la notion de litt�rature pr�sent�e plus t�t. Les r�sultats font appara�tre de grandes diff�rences d'un pays et d'une �poque � l'autre. Ce n'est que dans l'anthologie su�doise moderne que le choix de textes correspond � une notion de litt�rature o� la distinction fait-fiction est importante. Dans cette anthologie, la notion de litt�rature est aussi �largie de mani�re � inclure des textes de fiction g�n�ralement jug�s de rang inf�rieur. Dans l'anthologie fran�aise des ann�es vingt, pr�s de la moiti� des textes sont des textes de prose non fictive (prose descriptive). Dans l'anthologie fran�aise moderne, ces textes ne sont pas aussi nombreux, mais repr�sentent n�anmoins environ vingt pour cent du total. Le principe historique ayant guid� la s�lection ne semble que dans un seul des cas pouvoir expliquer la quantit� de textes n'appartenant pas au champ d�fini comme celui des textes strictement litt�raires par excellence.

Ensuite, la s�lection et l'organisation des textes primaires, le m�tadiscours repr�sent� par les manuels d'histoire litt�raire et les textes indiquant une exploitation p�dagogique des textes primaires sont analys�s du point de vue de la conception de la litt�rature et des fonctions potentielles de l'�tude des textes litt�raires. Un premier r�sultat de cette analyse est que la s�lection des textes primaires, avec la structuration et l'organisation qui leur ont �t� impos�es, le m�tadiscours des textes secondaires et les textes proposant une certaine mani�re d'�tudier les textes primaires semblent faire partie d'un seul et m�me discours sur la litt�rature, guid� par des principes communs.

La conception de la litt�rature n'est la m�me ni dans les deux pays, ni aux diff�rentes �poques. Vers 1920, les ressemblances dans la conception de la litt�rature �taient pourtant consid�rables dans les deux pays. Dans les deux cas, l'h�ritage et la nation sont les principes fondamentaux organisant un discours sur la litt�rature. Les similitudes sont encore plus grandes en ce qui concerne la France pour les deux p�riodes �tudi�es. Par contre, pour la Su�de, les diff�rences entre 1920 et 1980 sont radicales.

Vers 1920, en Su�de, la distinction nationale-non nationale est la distinction primordiale pour s�parer litt�rature et non-litt�rature. Ind�pendamment de la dimension fait-fiction, les textes litt�raires proprement dits refl�tent souvent des sc�nes et des figures d'une histoire nationale. Ces textes sont structur�s et organis�s d'apr�s leurs auteurs, une chronologie et les p�riodisations d'une histoire litt�raire, la s�lection pratiqu�e dans un discours litt�raire faisant � cet �gard parall�le � un m�tadiscours d'histoire litt�raire nationale des textes secondaires. L'�l�ment pr�pond�rant dans la conception de la litt�rature du m�tadiscours est aussi l'�l�ment national: la litt�rature comme une valeur inh�rente � une culture nationale, ou un bien patrimoine commun de la nation. � l'int�rieur de ce cadre plus g�n�ral, les oeuvres litt�raires sont vues comme refl�tant l'�tre ou le g�nie d'un auteur, une �poque et des caract�res sp�cifiquement nationaux. L'auteur et son oeuvre ne font qu'un, et dans l'explication et dans l'appr�ciation de la litt�rature.

Il en est de m�me en France, mais avec les diff�rences suivantes: l'h�ritage culturel national est un h�ritage ayant le poids d'une longue tradition et pourtant dans son entier pr�sent � l'�poque actuelle. Les textes de prose non fictive tiennent une grande place parmi les textes transmis. Le genre est un principe d'organisation des textes primaires faisant concurrence aux autres, et les textes sont des extraits tr�s courts des oeuvres. Dans la mise en perspective des textes, l'on trouve � c�t� de la perspective nationale une certaine dose d'universalisme et un �l�ment important de ce qui peut �tre consid�r� comme une conception rh�torique de la litt�rature, selon laquelle la litt�rature est le r�sultat de l'adaptation parfaite entre une forme et un contenu. Le public est un facteur pris en consid�ration pour expliquer la litt�rature. Tous ces derniers traits peuvent �tre vus comme illustrant l'aspiration intellectuelle qui est un �l�ment discern� dans le discours fran�ais sur la litt�rature � cette �poque, dans la mani�re propos�e d'�tudier les textes mais aussi ailleurs.

Vers 1980, la conception de la litt�rature refl�t�e dans un discours scolaire fran�ais n'avait pas subi de changements profonds. La s�lection et l'organisation des textes primaires sont tr�s similaires, ainsi que la s�lection et l'organisation d'une mati�re dans un m�tadiscours. Le caract�re des textes transmispropos�s, une suite de grands textes, produits par de grands auteurs nationaux, est pourtant plus accentu� qu'avant, ainsi que leur caract�re d'illustration d'un m�tadiscours sur la litt�rature. L'auteur est maintenant, et de loin, le facteur le plus important pour expliquer la litt�rature, l'universalisme concerne la litt�rature en tant qu'expression de l'Homme et reflet de l'Homme, et les oeuvres litt�raires sont per�ues comme des cr�ations d'un art litt�raire.

En Su�de, le discours scolaire n'�tait vers 1980 centr� ni sur la nation, ni sur un h�ritage. Interrelations entre les hommes, pluralisme et �ducation sociale sont les principes organisateurs d'un discours discern�s. Par "litt�rature", on entend des textes du monde entier et surtout des textes nouveaux, m�me tr�s r�cents. Il s'agit avant tout des textes de fiction forts, porteurs d'une intense charge �motionnelle. Ils ne sont plus qu'en partie structur�s et organis�s d'apr�s leurs auteurs et une �volution historique, d'autres principes faisant concurrence aux premiers; notamment une organisation d'apr�s le contenu des textes. Celui-ci est souvent un contenu proche du monde des �l�ves, ax� sur divers conflits et des ph�nom�nes sociaux actuels. Les auteurs des textes ne sont pas n�cessairement des �crivains consacr�s et le r�le des auteurs a consid�rablement diminu�, le principe �tant maintenant un �crivain - un texte. Un seul �crivain se voit r�server une place � part, August Strindberg. La dizaine d'�crivains qui, avec Strindberg, ont droit � un nombre de pages un peu plus grand que les autres, forment un groupe marqu� par leur caract�re d'�crivains radicaux, critiques de la soci�t�, des XXe et XIXe si�cles. Un �l�ment central dans la mise en perspective de la litt�rature des textes secondaires est la litt�rature en tant que r�cit des hommes, de leurs milieux et de leurs probl�mes, un autre la litt�rature dans sa relation aux hommes-lecteurs.

Concernant les fonctions potentielles des �tudes des textes litt�raires, les conclusions ont �t� les suivantes:

Pour la premi�re p�riode en Su�de, une conclusion raisonnable est qu'elles devaient, dans une grande mesure, remplir des fonctions de coh�sion sociale et nationale. Un assortiment de textes communs, souvent sur des th�mes nationaux, est transmis par l'�cole au petit groupe de la g�n�ration nouvelle que forment les lyc�ens. Cette fonction de coh�sion sociale et nationale semblait encore plus accentu�e en France. Aux deux p�riodes �tudi�es, la s�lection d'un discours litt�raire consistait en textes courts, bien connus et c�l�bres d'un h�ritage de textes national; vers 1980 les textes avaient parfois un caract�re embl�matique. La mani�re propos�e d'�tudier les textes devait inculquer non seulement un contenu et des formules des textes particuliers, mais aussi les relations entres ces textes et ces pens�es, de fa�on � faire de cet h�ritage de textes un arsenal symbolique commun. De m�me, la mani�re propos�e d'�tudier la litt�rature devait inculquer une certaine approche du texte, qui �tait la m�me vers 1920 et vers 1980. Les textes �taient suppos�s �tudi�s au moyen d'une analyse minutieuse du tissu verbal et de sa construction en tant que r�seau de relations, cette �tude comprenant souvent en m�me temps l'analyse d'une pens�e ou d'un sentiment; de son contenu et son d�veloppement. Les nuances des mots �taient suppos�es examin�es pour leur exactitude, leur ad�quation ou leur effets s'agissant de refl�ter un monde extralitt�raire de pens�es, de sentiments ou de choses. Cette orientation �tait accentu�e surtout vers 1920, mais discernable aussi vers 1980. Il semble raisonnable de croire qu'une telle �tude des textes litt�raires reproduit une conception commune des textes et de la langue, peut-�tre aussi une conception commune de la relation langue-monde. Une autre fonction des �tudes litt�raires qui semblait �tre la m�me aux deux �poques �tait celle de reproduire une capacit� de tenir soi-m�me un discours coh�rent sur des textes litt�raires.

Les �tudes litt�raires en Su�de vers 1980 avaient explicitement trait au monde r�el autant qu'aux textes. Les textes �taient suppos�s servir de tremplin pour la discussion d'une r�alit� plus proche, ou �tre trait�s comme transparents. Les exp�riences personnelles des �l�ves �taient souvent un point de rep�re dans l’exploitation des textes. L'�tude de la litt�rature semblait propre � mettre en mouvement chez les �l�ves des processus de connaissance qui touchaient les hommes et la soci�t� autour d'eux, et eux-m�mes, plus qu'ils ne touchaient la langue et la litt�rature; elle impliquait le moi profond de l'�l�ve et le confrontait � des questions et probl�mes qui �taient probablement importants pour son action future et pour une soci�t� future. En m�me temps, les �tudes n'�taient plus gouvern�es par les exigences du baccalaur�at et les programmes soulignaient la libert� de choisir des textes d'apr�s les souhaits et les capacit�s des �l�ves. De telles �tudes litt�raires ne sont pas propres � reproduire un h�ritage de textes commun aux �l�ves; par contre, elles peuvent contribuer � la formation d'un homme et d'un citoyen "meilleurs".

La conclusion de l'�tude principale est que le discours de l'�cole sur la litt�rature est � comprendre avant tout comme faisant partie d'un processus de re-production culturelle concernant des mani�res de voir, de penser et de sentir plus larges, g�n�rales; concernant des repr�sentations, des valeurs et des sch�mes de perception qui touchent autre chose que la litt�rature. La relation � une exp�rience humaine ou culture ant�rieure dont t�moigne le discours sur la litt�rature est, dans tous les contextes �tudi�s, une relation d'un caract�re tel que, dans la transmission d'exp�rience qu'implique la transmission des connaissances sur la litt�rature, ces connaissances sont profond�ment imbriqu�es dans des exp�riences humaines d'une autre esp�ce. Une autre conclusion qui a paru raisonnable est qu'il s'agit, dans le discours de l'�cole sur la litt�rature, d'une conception g�n�rale, id�ologique et probablement sp�cifiquement scolaire de la litt�rature, r�gissant � la fois la transmission d'une s�lection de textes primaires et un discours accompagnateur. Cette conclusion rejoint une des conclusions de l'�tude faite de la notion de litt�rature repr�sent�e par les textes transmis dans les anthologies.

Les r�sultats de l'�tude principale sont discut�s par rapport aux hypoth�ses initiales, donnant lieu � des r�visions et quant au r�le de l'�cole dans la re-production d'une conception de la litt�rature, et quant � la conception initiale du caract�re de l'institution �ducative et sa relation aux groupes sociaux. Des interpr�tations des traits sp�cifiques des diff�rents discours scolaires sont propos�es, notamment une interpr�tation o� le caract�re fort des textes su�dois des ann�es 80, la pr�sence de textes de fiction appartenant � des genres de statut social bas et la moindre importance des auteurs sont propos�s comme le r�sultat d'une logique de transmission nouvelle et commerciale, ayant remplac� une logique ant�rieure reposant sur le lien avec une g�n�ration pr�c�dente. Cette interpr�tation impliquerait, par rapport aux th�ories de Basil Bernstein, que le rapport entre forces sociales hors de l'�cole et la relation de l'�cole � la soci�t� ont chang� d'une mani�re d�cisive.

Dans la seconde partie du travail, les r�sultats de l'�tude principale servent de point de d�part � une analyse qui cherche � mettre en relation les traits caract�ristiques des diff�rents discours scolaires sur la litt�rature avec l'institution �ducative et la soci�t�; les r�sultats qui semblent le plus demander une explication �tant d'une part les changements profonds intervenus dans le discours su�dois, d'autre part les traits caract�ristiques dans la conception et l'�tude de la litt�rature fran�aises – et l'absence de changements.

Une analyse des horaires de l'enseignement secondaire des deux pays montre d'abord que les programmes d'�tudes fran�ais sont, apr�s la r�forme de 1902, plus marqu�s par un curriculum centr� sur les langues classiques que les programmes su�dois, et l'ont �t� pendant des d�cennies.

Pour la Su�de, l'analyse se r�sume ainsi:

Les traits caract�ristiques du discours sur la litt�rature su�doise vers 1920 correspondent bien � un curriculum qui, bien que centr� sur des connaissances utiles ou r�elles, pr�sente quand m�me un �l�ment important qui concerne la formation du caract�re et l'�ducation morale. Ce dernier trait n'est mentionn� que pour les codes curriculaires classique et moral chez Lundgren, dont la th�orie des codes curriculaires sert ici surtout de guide. L'�l�ment national se retrouve aussi bien dans l'�ducation populaire, facilitant de la sorte une int�gration sociale � travers les fronti�res de classe. Entre 1920 et 1980, de grandes mutations ont eu lieu dans la structure sociale su�doise, dans l'ancrage et le degr� d'influence du pouvoir de l'�tat, et dans la fraction d'une classe d'�ge concern�e par les �tudes litt�raires du lyc�e; ceci constituant des processus sociaux parmi lesquels les racines du nouveau discours sur la litt�rature sont � chercher. (Mais en France aussi la structure sociale a �t� transform�e, et la fraction d'une classe d'�ge poursuivant des �tudes au niveau du lyc�e a augment� � peu pr�s autant qu'en Su�de.) Les principes de la Commission scolaire de 1946, posant comme principe fondamental l'�ducation � la d�mocratie, constituent un point d�cisif dans un d�veloppement curriculaire qui a depuis les ann�es 60 touch� profond�ment aussi bien les �tudes post-obligatoires qu'obligatoires. Entre 1970 et 1980, l'on trouve aussi un changement d'orientation dans la conception su�doise des programmes d'enseignement, soulignant la soci�t� plut�t que, comme auparavant, l'individu, l'importance de ne pas cacher les conflits sociaux et une influence active sur l'�l�ve. Ces derniers traits se retrouvent dans le discours de l'�cole sur la litt�rature.

Pour la France, le concept de code curriculaire classique, et celui d'une formation de l'esprit, qui, dans l'enseignement secondaire fran�ais, a une tr�s longue tradition, semblent pouvoir expliquer les traits caract�ristiques du discours sur la litt�rature. L'�l�ment central d'un code curriculaire classique, n� dans la Gr�ce antique, �tait que le but de l'�ducation �tait d'exercer, d�velopper et aiguiser l'intellect; une autre id�e que la v�rit� en soi �tait � trouver � l'int�rieur d'un esprit bien exerc�. Ceci repr�sente une vue sur l'�ducation et ses buts qui se retrouve exactement telle quelle chez le sociologue de l'�ducation fran�ais Falcucci dans sa th�se de 1939, et qui ressemble beaucoup � la notion d'une formation de l'esprit. Les traits caract�ristiques du discours fran�ais sur la litt�rature semblent tous avoir leurs racines dans cette ancienne tradition scolaire, selon laquelle le but de l'�ducation est d'aiguiser les pouvoirs de l'esprit, o� les �tudes de langue sont per�ues comme un cours de logique, et o� le savoir, ou la v�rit� en soi, est consid�r�e co�ncider avec les mouvements d'analyse et de synth�se d'un esprit bien exerc�. La conception d'un texte qui en fait un r�seau de relations est l'homologue d'une conception du savoir-esprit comme quelque chose dont l'essence consiste dans un va-et-vient, un mouvement analysant et synth�tisant. La mani�re d'�tudier les textes, o� les nuances des mots sont pes�es, leurs combinaisons et relations examin�es, o� la composition d'un texte ou bien le d�veloppement d'une pens�e sont d�faits et reconstruits de nouveau, semble relever de la m�me tradition d'�tude de lettres et de formation de l'esprit. Finalement, la place importante tenue par des texte de prose descriptive, surtout dans l'anthologie des ann�es vingt, semble aussi avoir les m�mes racines, � travers la doctrine sur la langue et les textes qui fut celle de la rh�torique, et qui avait form� la base des �tudes litt�raires des classes d'humanit�s du moins � partir du XVIIIe si�cle.

Pour �clairer ces rapports, une �tude de sources secondaires et primaires � l'histoire de l'enseignement secondaire fran�ais, et plus sp�cifiquement � l'enseignement de la langue maternelle - utilisant celle-l� avant tout des sources primaires - est pr�sent�e. La permanence dans les documents officiels d'une conception du but de l'enseignement comme une formation de l'esprit depuis la fin du XVIe si�cle et du moins jusqu'en 1925 est mise en �vidence. Le sens de la r�forme de 1902 est discut�. Les traditions de l'�tude des lettres et de l'explication de texte sont retrac�es depuis le XVIIIe si�cle, l'accent �tant mis sur la conception qui faisait des �tudes de lettres un exercice de "d�composition-recomposition", et d'un texte un r�seau de relations.

Dans la conclusion de la th�se, trois r�sultats du travail sont soulign�s:


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This HTM version created by Donald Broady. Last updated dec. 1997
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